Extrait du site https://www.france-jeunes.net |
Les élites |
Souvent admirées, souvent décriées, les élites suscitent le débat. Cet article a pour objectif de rappeler quelques éléments aussi objectivement que possible afin de pouvoir en discuter de façon constructive. Le système que je présente ne doit pas être perçu de façon radicale, c'est un outil de compréhension qui tolère des exceptions. |
Un système inégalitaire Sans qu'il soit question de reprendre à mon compte les expériences historiques d'inspiration marxiste, on peut difficilement contester la validité des théories marxiennes et bourdieusiennes sur la division de la société et, plus précisément, sur la confiscation des biens matériels (Marx) ainsi que culturels et symboliques (Bourdieu) par une classe dominante qu'on peut aussi appeler élite. Ce système est doublement injuste dans la mesure où il offre à une infime minorité des conditions de vie excellentes au détriment d'une majorité et qu'il assure lui-même sa reproduction par le biais de l'héritage au sens juridique mais aussi de la transmission du patrimoine culturel qui permet aux rejetons de cette classe dirigeante l'accès quasi-exclusif aux meilleures formations. Malgré les efforts de quelques écoles de commerce, de quelques IEP et écoles d'ingénieur, on voit bien que les modalités de sélection des établissements prestigieux (auxquels il faut également ajouter les Ecoles Normales Supérieures) favorisent très fortement les enfants dont les parents ont eux-mêmes eu accès à ce type d'enseignement. On ne s'étonnera donc pas de voir les parcours foudroyants d'enfants du peuple réduits à l'exception statistique et donc de constater l'échec du modèle d'éducation républicain hérité de Jules Ferry. Les Edouard Herriot ou Georges Canguilhem ne sont pas légion. Causes de la pérennité de l'injustice Il ne sert à rien de faire le constat de cette injustice si on n'essaie pas d'en déterminer les causes et, le cas échéant, de trouver des solutions. Il serait ridicule d'accuser en bloc ces classes dirigeantes et, ainsi, de dire qu'elles sont intégralement composées d'individus consciemment affairés à vérouiller les portes des bureaux ministériels, commerciaux ou journalisitiques. On peut croire qu'un certain nombres d'entre eux (dont justement Marx et Bourdieu faisaient finalement partie) ont eu la volonté de changer la donne, de combattre férocement ces injustices. Il faut donc interroger sur les obstacles rencontrés par cette volonté. On peut tout d'abord en imputer la responsabilité à certaines forces conservatrices qui ont toujours défendu l'ordre en place au cours des siècles : légitimistes au XIXe par exemple. Certains exemples historiques sont cependant aussi à prendre en considération. Le plus probant est sans doute celui de la Révolution de 1917 où le pouvoir autocratique tsariste a été renversé mais où l'élite communiste qui l'a remplacé a aussitôt confisqué le pouvoir, créant à nouveau un système d'oppression inégalitaire. Il paraît donc difficile de cibler un groupe précis d'individus responsables et on peut raisonnablement croire, même si cette pensée n'est pas optimiste, que l'homme a une propension à l'égoïsme qui complique et s'oppose aux volontés sincères de changement. L'optimisme n'est pas pour autant interdit dans la mesure où, malgré leur lenteur, les progrès sociaux acquis sont bien réels et, s'ils n'obéissent pas à une logique révolutionnaire, ils sont néanmoins orientées vers une réduction des injustices. Si l'on tient compte de l'inertie de la société qui a besoin de temps pour se réformer de façon durable, on voit qu'on ne peut pas rejeter en bloc ces élites mais, au contraire, que c'est en luttant main dans la main que le peuple et les élites pourront efficacement protéger leurs acquis et en obtenir de nouveaux. |
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