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La pluie |
Récit d'une escapade en vélo que la pluie a transformé en... |
Ce ne devait être qu'une ballade en vélo... Après deux jours de pluie monotone et une matinée qui laissait présager une fin de journée semblable, le soleil avait fait son apparition en début d'après-midi. Si bien qu'à 17 : 30, un grand ciel bleu myosotis parsemé de discrets nuages blancs s'était offert à mes yeux. J'étais toujours heureux de pouvoir contempler un grand ciel bleu... Sans doute que cela s'expliquait par mon signe astrologique, Poissons. En tous cas, cela me donnait à la fois un sentiment de liberté et une envie soudaine de partir à la conquête de la nature... Quelques pas dans mon jardin, quelques secondes à regarder vers l'ouest, pour deviner le temps des minutes suivantes, quelques parfums de roses... La plus belle des fleurs. Mon jardin en était richement orné. Chaque rosier avait une histoire. Deux plants étaient jadis placés quelque part - était-ce là, à mes pieds ? Non, ce devait être là-bas, sous l'albizia - en référence à mes deux parents. Ils sont morts depuis, mes parents n'ont pas voulu les remplacer. Il y avait ce rosier, à l'angle de jardin, tout au fond. Un rosier que personne ne voyait, si ce n'est après avoir marché dessus ; j'en avais moi-même fait l'expérience. Alors, du haut de mes 8 ans, investi d'une soudaine compassion pour ce plant, je me sentis écolo. Tandis que mes parents m'observaient, étonnés, je dressais un filet de protection autour de lui. Quatre piquets judicieusement choisis (aussi connaisseur que je pusse être) constituaient une structure solide et il ne me fallut que peu de temps pour mettre tout cela en place. L'édifice final me rendit fier de mon travail, et je me perdis à imaginer ce qu'il adviendrait de ce fragile rosier. Ce jour-là, je le regardai, et je fus fier de moi, fier d'avoir été, à un instant de ma vie, la clé de ce rosier. C'était le plus beau des rosiers de mon jardin. J'aurai pu encore le parcourir longtemps, ce jardin, cependant le temps ne s'annonçait pas stable. Ballade en vélo Décision fut prise d'enfourcher le vélo et de partir en vadrouille. La motivation n'était pas suffisante pour pédaler sur des kilomètres, alors je décidai de ne faire qu'un petit tour. Après avoir dépassé la chapelle, je m'arrêtai devant un paysage calme, un paysage de fond de golfe, de mer retirée ayant laissé place à la vase, et surtout aux oiseaux. Je les avais beaucoup observés, plus jeune. Il me restait quelques souvenirs. Cette robe blanche, ce long bec noir... Ce devait être une aigrette garzette. Elle ne m'avait pas remarqué, sans doute trop occupée à remplir son estomac. Je continuai. Les aiguilles de pin, vestiges d'une tempête de la semaine passée, se dérobaient sous mes roues. J'observais tout ce qui m'entourait. Finalement, la destination que je m'étais plus ou moins fixé en partant fut atteinte. Un autre point de vue sur la mer. La mer, et tout le reste... La mer, toujours aussi calme. Les nuages, plus ou moins gris, plus ou moins menaçants, que je regardais avancer, lentement, en essayant de deviner leur trajectoire. Ils avaient laissé le chemin libre à quelques rayons de soleil, qui terminaient leur course sur une pointe de terre en face de moi, au loin. Finalement, j'avais tout devant moi. Le soleil, les nuages, la mer, le vent sur mon visage. Je sentais la puissance de la nature. Je sentais la vie de chacun de ces éléments. Longtemps, je les ai contemplés. Et puis, doucement, une légère goutte d'eau est venue s'écraser dans ma nuque. Le bonheur J'ai tourné la tête, ne sachant trop pourquoi. Une autre goutte se posa sur mes lunettes. Elle ne fut pas suivie, ce qui me laissa croire qu'il ne pleuvrait pas. Néanmoins, je voulus rentrer pour ne pas risquer d'être trempé. Un dernier regard à ce spectacle, et je fus en route. A peine avais-je repris la route que la pluie tomba de nouveau, en s'intensifiant. A cet instant, je me sentis très à l'aise, très heureux, dans cette pluie : comme un poisson dans l'eau. Si bien que, sur le chemin du retour, je tournai à droite, conscient que cela rallongerait mon chemin. Mais je voulais profiter de cette sensation unique. Je pédalais tranquillement, je sentais la pluie s'abattre sur moi, et cela me faisait du bien, me faisait sourire. Ma bouche s'était ouverte, je ne la refermerais qu'en arrivant chez moi. Chaque goutte que je pouvais capter me rendait un peu plus conscient d'appartenir à tout cela, comme ces arbres qui bordaient la route, comme ce lapin que j'aperçus, comme ces nuages que je regardais un peu plus tôt. Il me sembla même, un instant, que la pluie m'entendait, me comprenait, et communiquait avec moi. Elle venait à moi par vagues : un peu plus intense ici, un peu moins là. Elle joua avec moi. J'étais fasciné. J'étais heureux. La pluie s'arrêta quand je descendis de mon vélo, quand le jeu fut terminé. |
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