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Edouard |
Il est seul. Tout seul. Il pourrait être n'importe quel enfant, n'importe quelle personne, n'importe qui, car ils souffrent, parfois, les gens. Un jour, on a réussi à mettre des mots sur le mal, c'est dur... ça aide... On ne sait jamais Edouard... Jamais... |
Edouard est jeune, et en même temps, il n'a pas vraiment d'âge... Il aurait voulu faire de la vie un conte fée, et c'est la vie qui n'a fait de lui qu'un conte. Aujourd'hui, il est heureux, grâce aux mots, grâce, parfois, à la douleur, aujourd'hui il vit. Edouard est une muse, qui joue avec les mots... Edouard est en paix avec lui même. Où sont les autres ? Edouard ne peut les voir. Ils viennent chasser de son esprit les seules choses qu'il a pu installer. Edouard ne supporte que trop mal ces intrus qui ne peuvent passer chez lui sans toucher à tout. Edouard est seul finalement, Edouard est seul. Car même si Edouard a des amis, il ne peut décemment les laisser entrer, ils se mettraient à tout déranger. Finalement Edouard est un maniaque. La poussière qui se pose sur ses meubles l'insupporte presque tout autant que les gens. Edouard s'agite, s'agite, il ne sait pas quoi faire. De toute façon, s'il se met à faire le ménage, tout sera dérangé, et puis aussi il faudra tout refaire, parce que la poussière, ça revient toujours. Edouard est donc dans une impasse, il veut partir. Mais Edouard sait que dans son prochain appartement ce sera la même chose. Il veut vivre dehors, dans la rue, dans une forêt, dans un pré, Edouard veut vagabonder. Mais comment Edouard pourrait il trouver un équilibre s'il ne cesse de bouger sans jamais s'installer. En fait Edouard sera éphémère et s'évanouira à chaque personne qu'il rencontrera. Edouard est riche, Edouard est un serpent, il attire, parfois même fascine, mais Edouard n'est pas égoïste, il ne garde pas ce qu'il trouve. Edouard regarde, il observe, il ne s'implique pas car s'impliquer pour lui, c'est se tromper. Parfois, trop spontanément il le fait. A ces moments là, il s'en veut. A ces moments là Edouard se sent pauvre, démuni, seul ; seul face à tous, tous ceux qui n'aiment pas chercher à comprendre ; ou alors seul face à la raison. Rien de plus humiliant. Edouard ne se sent jamais si mal que lorsqu'il a honte. Edouard se veut être un trésor gardé par une forteresse, celle ci est en ruine et ce qu'il est à été pillé. Edouard a peur des autres, de tous les autres. Il a trouvé de la bonté en certains, entre leurs bras parfois il s'abandonne, mais jamais complètement. Il ne veut pas se laisser porter, ce serait vraiment méchant envers les êtres qu'il aime. Edouard aime les gens faibles surtout, parce que les gens faibles viennent toujours vers lui, et ils pleurent. Edouard, lui, ne sait plus pleurer. Alors il les écoute en silence, il ne ressent aucune peine pour eux, il ne sait plus ce que c'est. Un jour il n'a plus voulu, et aujourd'hui, il a oublié. Oublié sa peine, ne gardant que la nostalgie de ces tristes moments passés, car Edouard a pleuré, il y a longtemps de cela. Oui sur ce point Edouard est fort, si fort qu'il en devient plus fort que lui même. Edouard est dominé par son inconscient, le reste n'a pas de nom. Un jour Edouard a trop souffert de pleurer alors il a oublié, oublié tout ce qu'il a pu oublier. Il a oublié l'amertume de ces larmes, en contrepartie Edouard s'est oublié. Et la nostalgie d'un présent qui ne se vit pas est plus dure que des chagrins passés. Mais Edouard est fier, il ne peut plus pleurer, il ne se plaindra pas. Edouard est beau quand il est triste, parce qu'il a le plus beau des sourires : celui de l'ironie. Edouard se souvient comment il ravalait ses larmes, il se souvient quand ses mèches arrivaient à cacher ces fontaines au creux de ses yeux. Il se souvient aussi qu'il a oublié.Qu'il a oublié ses parents, et des fois ça lui manque. Car malgré sa froideur feinte, Edouard fond. Aujourd'hui, Edouard m'a tout dit. Il ne veut plus être ce mur contre le quel tous les deux se cognent. Il ne veut plus être cette porte à travers laquelle tous ces incapables passent. Edouard est ce qu'il est, et même s'il s'est oublié, il est. Plus que tout, il doute. Il doute à un tel point de son existence, qu'on ne peut trouver être plus lunatique. Quand il croit être, il se permet de vivre, en se le permettant il tue son doute, il se tue. Edouard est un serpent qui se mord la queue, et qui finit toujours par se manger, puis même par se digérer ? Edouard en fait, est terrorisé, il ne sait même pas s'il a besoin d'aide, il ne sait pas comment il pourrait être aidé, puisque les autres le détruisent ... Edouard est un puit sans fond, rempli d'eau, de vase, d'êtres vivants, d'objets ; Edouard l'a toujours dit, d'aspect il n'est qu'une source, de plus près, il est dégueulasse, et vu de l'intérieur, c'est un puit à merveilles. Un trésor ; non pas qu'il soit beau, ou intéressant, mais il a toujours quelque chose à donner, toujours de quoi combler les personnes vides. Edouard le sait, le monde est vide, il est trop plein. Inépuisable sa ressource l'est ; pas lui. Tu veux pleurer Edouard ? Mais tu as tout, tout, Edouard. Est ce que le monde le sait ? Des fois trop, des fois pas assez, le monde hésite et te fait hésiter. Encore une fois tu es sur le fil de l'incertitude. Tu crois que le monde te voit tout de noir ou de blanc, mais c'est faux. Edouard, pour eux tu es comme les autres, sauf que tu es plein. Les couleurs, ils s'en foutent. Tu sais bien que tout le monde ne fait que se raconter. Personne ne s'écoute, tout le monde s'entend, pour mieux se raconter. De toute façon, d'une façon ou d'une autre, pour toi, si l'on ne se mord pas la queue soi même, on mange celle des autres. Et toi tu es tout sauf égoïste, tu es juste égocentrique. Tu appropries le mouvement du monde au tien. Tourne, tourne sans jamais s'arrêter, sans jamais te reposer. Tu es fatigué, tes cernes te trahissent. Il te semble porter le monde sur les épaules, mais il tourne. Tout seul. Repose toi, repose toi. Quand vas tu enfin le faire ? Comment l'assumes tu ? En te tordant de douleur sur le sol ? A cause de tous ces maux que tu imagines fictifs. Le sont ils ? Ca, personne ne le sait, pas même le médecin qui t'as envoyé faire cette thérapie. Tu as mal Edouard, mal. Tu es faible, ne crois pas que tu sois intouchable, aux deux sens du terme. Si faible que si tu te l'avouais tu en deviendrais banal. Tu es seul, faible et banal. Ta seule force, c'est moi ; nous sommes deux. Mais moi... ? Pourquoi j'accepterais ton poids ? Tu n'arrives même pas à écrire tout seul. Du roi, tu passes au clochard, tu as froid ; sans tes parures d'hermine tu as froid et tu te rends compte de ta maigreur. C'est Edouard qui est seul. |
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