NDE autobiographique

Un matin très tôt, 4h06, une voiture 205 rouge vif Peugeot XS tunée, roule à vive allure, avec à son bord au volant une seule personne : le conducteur, l'auteur de ce récit, moi-même en chair et en os, un mardi 13 janvier 1998.

Il fait encore nuit, la température extérieure avoisine les 6°C, je ne suis pas bien réveillé.

J'ai mal dormi, enrhumé, j'ai pris un médicament pour le mal de tête avant de partir travailler en tant qu'Agent De Surveillance pour une centrale EDF.

Ma 205 a dormi dehors au frais, elle comporte un spoiler avant et arrière, des bas de caisse, un filtre à air en prise direct, des ressorts courts, une barre anti-rapprochement, des belles jantes alu, des paupières de phare,
des ampoules de phares blanches 100W... Et deux harnais de sécurité.


Jake à Elwood cf les blues brothers : "tu vois la lumière ?"

Je connais bien la nationale 13 que j'emprunte 6j/7, son bitume et ses accotements me sont familier, je me sens en territoire ami.
Mais ce jour-là, la route avait décidée de ne plus être mon alliée ! Je venais de parcourir quelques kilomètres, lorsque j'aperçus un panneau triangulaire inhabituel : "absence de marquage au sol", un signe de destination finale, je ne jugea pas nécéssaire de ralentir.

Quelques 6,66 secondes plus tard, la seule image résiduelle de ma conscience qu'il me reste avant l'impact est celle d'une route plongée dans l'obscurité, de nouveaux réverbères sans lumière sur ma droite, des nouvelles bornes en ciment
séparatrices des voies uniques en double sens, d'autres panneaux de signalisation... Et le dénivelé net de l'ancien bitume enlevé.

J'ai une sensation étrange de picotements dans tout le corps, soudain ma vie défile de manière saccadée et claire, des flash-backs au ralenti sur des instants de ma vie que l'inconscient aurait enregistré sans me le dire.
D'autres coupures de mon existence passent en accéléré, sans que je puisse interagir.
Des petits court-métrages dans l'ordre croissant, des images si réalistes où j'avais à peine 6 mois, 1 an et demi, 3 ans, 5 ans... Jusqu'à mes 27 ans !

Le défilement d'images se poursuit sur un flou brumeux qui laisse apparaitre un tunnel cylindrique parfait avec sa texture sombre et lisse presque palpable, je me sens aspiré de plus en plus rapidement, j'ai l'impression même d'atteindre la vitesse de la lumière.
Cette lumière justement que j'aperçois et qui m'éblouie, j'ai du mal à garder les yeux ouverts, elle est douce, chaude, enveloppante, je ne me suis jamais senti aussi bien, j'ai l'impression d'avoir fumé 10 "tarpés", je commence à distinguer une vague silhouette à travers cette opacité lumineuse, je me sens planer !


Au-delà de la lumière

Sensation soudaine d'aspiration hors d'un volume bien défini, je plane cette fois en lévitation au-dessus d'un homme allongé sur un brancard, la vue est limpide et précise jusqu'au moindre détail. J'arrive à me mouvoir en 3D et à distinguer clairement tout ce qui m'entoure.
Je suis apparemment dans un véhicule de pompiers, des pompiers s'affairent autour de ce corps inerte aux paupières baissées, ils ont l'air fatigués...
Surprenant, je les entend parler distinctement : "nous sommes en train de le perdre" !! Un des leurs gifle le visage de l'homme sur le brancard.

Sensation d'aspiration intérieure, je ressens des chocs sur mon visage, j'entrouvre les paupières et je reconnais sous un autre angle de vue le gifleur. "Monsieur, monsieur... Tout va bien, bienvenue parmi nous".

Ils m'avaient désincarcéré de l'amas de ferraille qui représentait ce qui restait de mon véhicule. "Vous avez eu beaucoup de chance, c'est un miracle que vous soyez encore en vie après un tel choc et ça grâce à votre harnais 3 points".

D'après eux et les gendarmes, ma 205 a effectué une douzaine de tonneaux en arrachant les bornes en ciment, les réverbères... Et en stoppant net contre
l'angle d'une maison individuelle au bord de la nationale. Ce sont les occupants de la maison, réveillés par la violence du choc qui ont téléphoné au 18 !

Depuis cette expérience, je suis moins matérialiste, je préfère et de loin les relations humaines, mon état d'esprit à changer, ma philosophie nouvelle est de profiter du jour prèsent.

PS : Mon récit est véridique mis à part quelques tournures du chiffre 6 !!