Emilie Simon

Pour peu qu'on ne limite pas sa culture musicale à Matt Pokora et Lorie, on a forcément déjà entendu parler d'Emilie simon, qui fait figure d'artiste alternative relativement connue du grand public au même titre que Camille ou Björk. Ses passages télévisés sont rares mais toujours de qualité : on se souviendra notamment de sa réinterprétation de Gainsbourg lors de "la Musicale" de canal +, ou de ses prestations aux Victoires de la Musique, institution qui a d'ailleurs couronné ses deux premiers albums de deux beaux trophées : si ce n'est pas un démarrage en flèche ça !

C'est d'ailleurs au cours de catte cérémonie que je découvre pour la première fois Emilie. Elle a une drôle de machine sur son bras spécialement créée pour, elle qui "lui permet d'agir en tant réèl sur la voix". Emilie est là, avec sa machine et chante une ballade-comptine envoutante du nom de "Désert". Et le charme opère... Cette voix suave et sucrée à la Vanessa Paradis, ces textes poètiques et fragiles qui rappellent Gainsbourg, cette capacité à donner aux chansons une atmosphère lunaire et flottante qui poussera les critiques à la surnommer la "Björk française"... Tout est brut, tout est pur, je frissonne.

L'album s'appelle "Emilie simon", ce qui est logique puisqu'il s'agit de son oeuvre à part entière : écrite, composée, arrangée et mixée par cette ancienne étudiante à l'IRCAM (institut de recherche sonore). Quel garçon ne tombera pas amoureux à l'écoute de ce disque !
Fragile, sensuelle, rêveuse, exaltée mais toujours originale, l'artiste joue avec les mots ("les vers de Lise se lisent autour d'un verre") et les notes.
On retiendra de ce coup de maître la craquante reprise de "I wanna be your dog" d'Iggy Pop, ou encore le sublime "Vu d'ici" avec son tempo lent métaphorisant notre animalité intèrieure.

Aprés ce premier succés, Emilie s'enferme à nouveau dans son home studio et pose les bases de "Végétal"... Jusqu'à ce que le destin s'en mèle et qu'Emilie se voit confier la création de la bande originale du film qui deviendra par la suite culte "La marche de l'empereur".
Elle y travaillera en tout plus d'un an pour un résultat au delà de toutes les espèrance du réalisateur : une bande son moderne car electro et en anglais, et d'une poèsie incroyable, entre les effets vocaux imitant la complainte du vent et les instruments "polaires" utilisés (celesta, bruits de glaçons...). Plus qu'une simple BO, Emilie en fait un véritable album, mélangeant titres chantés et instrumentaux, le tout donnant une dimension aerienne et glaciale aux images déjà très belles du film. "Ice girl", "The frozen world" ou encore "Song of the storm" font de cet album l'oeuvre majeure, la plus sublime d'Emilie Simon, du moins d'après moi.

Sa mission accomplie et sa seconde Victoire en poche, Emilie se replonge dans "Végétal", mis en suspend le temps de cette parenthèse.

A noter : les deux premiers albums d'Emilie sont à prix vert (8euros), il serait donc idiot de les télécharger. Cependant pour ceux qui désire avoir un aperçu de son oeuvre en vu d'ensuite acheter les albums, voici ma sélection de titres :
le vieil amant / song of the storm / vu d'ici / the frozen world / Femme fatale / Fleur de saison


2006 : "végétal" en orbite

C'ainsi qu'est sobrement intitulé le nouvel album très attendu d'Emilie, qui est directement rentré à la 11ème place du classement des meilleures ventes d'album, performance à souligner car rarissime pour une artiste alternative électro.
La pochette montre pour la première fois une Emilie de face, elle qui nous avait habitué à nous dévoiler son dos que ce soit parsemé de coccinelles ("émilie simon") ou hybridé avec celui d'un manchot ("la marche de l'empereur"), une Emilie au sourire énigmatique qui tient à la main une tige qui semble en pleine croissance. Cette image résume parfaitement l'atmosphère qui s'instaure des les premières notres de l'album : un univers nocturne, mystique qui fait penser à celui de Tim Burton, Une forêt d'apparence tranquille mais qui s'éveille au crépuscule avec son lot d'êtres fantastiques et de légendes.

"Végétal" est un album concept, peut-être le moins accessible de l'artiste et qui conserve quelques réminescences de l'aventure "la marche de l'empereur" sur certains titres comme "Le vieil amant" ou "In the lake". Le premier extrait "Fleur de saison" est une ritournelle entêtante et assez speed, rappellant certains morceaux de Camillie, qui reste dans la tête dès la première écoute. Ce premier single n'est toutefois pas très représentatif de l'album, qui joue sur un registre beaucoup plus lent et intimiste. Les percussions samplées laissent entendre d'étranges bruits nocturnes et c'est sur ce fond d'ambiance qu'Emilie pose sa voix et ses instruments, parfois spécialement inventés et créés pour elle.
Les machines se mélangent aux instruments traditionnels (violoncelle sur "Sweet blossum) et la poèsie des textes se fait plus ressentir qu'auparavant.

Ceux qui ont aimé "La marche de l'empereur" aimeront "Végétal", qui est un exercice de style du même genre et tout aussi réussi. L'ambiance polaire du premier ayant cédé la place à une atmosphère sylvestre et marécageuse pour le second.

Pour ma part, le 24 Mai 2006 sera un jour J puisque dans le cadre de sa tournée française, Emilie fait un détour par Montpellier.
L'occasion de découvrir la facette scénique de cette artiste étonnante, avec peut-être un compte-rendu sur FJ... !