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Moi, mes cheveux et... Tony and Guy |
Mes cheveux ayant, depuis quelque temps, decidés de proliferer de facon totalement anarchique, telle une tumeur indesirable posée là, sur le sommet de mon crâne, et aprés de nombreuses delibarations avec mon moi même interieur, je me suis dis : "ma petite Léfone, il faut faire quelque chose. ". C'est ce que j'ai fait. |
J'ai toujours eu une relation conflictuelle avec mes cheveux. Dotée d'une tignasse toute raide de cheveux fins, j'ai longtemps endigué le flot a grand coup de ciseaux, dans une coupe "carré connasse" qui, étant donné mon age avancé de 12ans, n'avait rien de connasse. Ensuite, j'ai decidé de leur lacher l'elastique, et, puisqu'ils semblaient dotés d'une vie propre, bien que totalement opposée au bien de mon visage ingrat et boutonneux d'adolescente en crise, j'ai decidé de cesser toute velleité de brossage. Je me suis donc retrouvée assez rapidement pourvue d'une toison qui ressemblait plus aux bourres qu'on trouve sous le ventre d'un chien de berger qu'aux cheveux soyeux des filles L'Oréal. Qu'a cela ne tienne, me suis je dit, tant qu'a être differente, autant le cultiver. J'ai alors commencé a faire de ma tête pleine de noeuds l'equivalent d'une poubelle, y accrochant tout les trucs plus ou moins metalliques que je pouvais trouver, notamment des bitoniaus de canettes et des chaînes diverses et variées. Et puis un jour, je me suis dit que non, decidement, je ne pouvais pas garder cet infâme fourbi qui me couronnait de facon si disgracieuse. Alors j'ai separé le gros paquet en plusieurs petits, et j'en ai fait des dreadlocks que j'ai passé d'interminables heures de cours a rouler entre mes doigts. Ayant perdus dans la bataille tout mes petits objets tintannabulants, j'ai pensé qu'un peu de couleur ne nuirait pas. Ce sera donc rouge. Et bien vif s'il vous plait. Manque de pot je suis brune, alors la couleur, au rincage, ça ne tient pas. Mais soyons joyeux, je m'y suis mise gaiement, et je me suis peint le crâne à la main, comme un enfant qui decouvre que la peinture c'est super marrant. La méthode est peu orthodoxe, mais le resultat y était : j'avais maintenant le dos couvert de longue dreadlocks rouge flamboyant. Moi contente. Et si mes mains avaient elles aussi quelque chose d'enflammé, ça ne gâchait pas mon plaisir. Non, ça, c'est la pluie qui s'en est chargé. Et à chaque averse, je degoulinait un peu plus, repeignant mes épaules, mes t-shirts et les murs. Un jour, j'ai chopé des pous, et j'ai du enlever tout ce barda. J'ai coupé, arraché, demelé, et je me suis retrouvée avec de touts petits cheveux plats et courts. Mais tout ca, ça a bien fini par repousser. Ca a été insidieux, sournoisement, chaque mois, ça se rallongeait un peu, ça s'etoffait... Et moi, pauvre naive, je ne voyais rien venir. Jusqu'au jour ou je me suis de nouveau retrouvée avec cette chose incoiffable sur ma tête, et qui, chaque matin, semblait prendre un malin plaisir a s'aplatir aux endroits ou je tentais desesperement de lui insuffler un peu de volume, et inversement. Et c'est la, un de ces matins ou je ne ressemblait à rien, que je me suis dit : "ma chère petite Léfone, si tu veux devenir un tantinet jolie, il va falloir que tu fasse quelque chose". Là, interloquée, je me suis retournée en criant "Mamie ? ! C'est toi ? ", parce que franchement, "un tantinet", jamais je n'aurais pu prononcer ca. Ou alors, c'est que ça allait vraiment mal. Il faut croire que ça allait vraiment mal. Mais n'allez pas croire que le cap fut si facile a passer, oh non ! J'ai alterné les phases de prospection avec les interrogatoires des copines, celles qui avaient l'habitude de se coiffer. Et puis j'ai pris rendez vous dans un salon. Le lendemain, je n'avait plus d'ongles, ce qui m'a posé beaucoup de problèmes pour appuyer sur les touches de mon micro telephone, histoire d'annuler le rendez vous. Une fois, je suis carrement rentrée, dans un instant de folie. La coiffeuse m'a regardée, j'ai ouvert la bouche comme un poisson hors de l'eau (ou un cochon d'inde ébahi, c'est vous qui voyez), et je suis sortie sans proferer un son. Aprés m'être faite grillée ainsi dans tout les salons de la ville, j'ai finalement arreté mon choix sur le plus terrifiant, le seul ou je n'ai jamais osé rentré, le grand machin tout rose d'ou sortent des bruits de techno, l'antre du coiffeur branché qui ne se prend pas pour de la merde : T'n G (l'abreviation ça fait fashion, et avec ma nouvelle coupe, vous comprenez...). Je vous passerais mes elucubrations existentielles et les cris febriles que j'envisageaient de pousser en entrant, pour vous parler tout de suite de ma rencontre avec Quantin (avec un A c'est plus fashion, et avec ma nouvelle coupe vous comprenez...) le hair stylist (par ce que ça en jette quand même plus que coiffeur). Pendant qu'une fille qui essaye tellement de se donner un accent qu'elle ne sait plus parler m'offre un Coca Light (avec ma nouvelle coupe, je dois garder la ligne), ce cher Quantin s'ébat autour de moi comme si j'étais un nouveau terrain de jeu, une fille deguisée en sapin de noel et un type chauve (CHAUVE ??? !) debattent sur ma qualité de cheveux. Moi, pendant ce temps, ma lèvre inferieure tremblote et je fixe un point droit devant moi. Ca doit se voir, par ce que Quantin cesse de tourner autour de moi pour me dire de ne pas m'inquieter, qu'il me fera quelque chose de joli (m'en fous j'ai peur), que j'ai de trés jolis cheveux (m'en fous j'ai peur), que je vais aller au shampoing (m'en fous j'ai peur). Mais le shampoing... Ah mon Dieu, quel shampoing ! Figurez vous que je suis chez un coiffeur qui possède des fauteuils massants et des shampouineuses massantes aussi ! S'il n'y avait pas eu ce tableau glauque mais super joli en face de moi, je crois que je me serais endormie. Hélas, tout à une fin, et on me remet entre les mains d'un garcon (un garcon ?) tellement maigre que ça fait peur, doté d'un tête de moineau et qui passe ses "tests brushing" bientot. On a oublié de me couper les cheveux ou quoi ? Bref, aprés m'être retrouvée les cheveux encore plus plats qu'ils ne l'étaient deja (le moineau n'est pas prés de réussir ses tests), Quantin s'approche a nouveau, et m'offre, en se penchant, une vue sur son string (son STRING ???). Et là, c'est le drame. Bondissant literralement autour de moi, il taille sauvagement dans mes cheveux dont, allez savoir pourquoi, je me sens soudain solidaire. De gros paquets me tombent sur les genous (mais moi je voulais garder de la longueur !!!), Quantin s'agite de plus en plus frenetiquement, et ne s'arrete que pour me demander d'une voix sadique si j'ai peur. Les effets du fauteuil magiques se sont envolés, et si je pouvais, je m'envolerais bien moi aussi. Et puis, d'un coup, tout s'arrete. Quantin jette un regard à son oeuvre (son oeuvre, c'ets moi...), j'ouvre, un oeuil, puis deux, je me regarde... AAAAAAAAAAAAAAAARGH ! C'est joli ! Et voilà comment, aprés l'avoir delestée du contenu de son portefeuille, on rend une anti-fashion-retrograde-trash fan du coiffeur le plus mode de tout les temps. |
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