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Vivre pour mourir ou mourir pour vivre ?


Vivre aujourd'hui pour mourir demain ou Mourir aujourd'hui pour vivre demain ? Où était la différence, ça elle n'en savait rien, elle savait juste qu'elle était morte depuis trop longtemps aux yeux du monde !



Vivre aujourd'hui pour mourir demain ou Mourir aujourd'hui pour vivre demain ? Où était la différence, ça, elle n'en savait rien, elle savait juste qu'elle était morte depuis trop longtemps aux yeux du monde, alors après tout pourquoi continuer cette longue marche pénible vers une mort lente et sûrement douloureuse ? Pourquoi vivre l'agonie alors qu'elle pourrait mourir soulagée ? Toutes ces questions auxquelles elle ne pouvait répondre depuis qu'elle était dans cette salle d'eau, seule dans cette pièce, dans cette maison, dans cette ville, dans ce pays, dans ce monde... Après tout, si elle disparaissait personne ne s'en rendrait compte, même pas l'homme qu'elle avait aimé et qu'elle croyait ne plus aimer, ce grand blond du nom de... Comment déjà ? Ah oui Antoine ! Elle essayait de se convaincre qu'elle l'avait oublié mais savait très bien que ce serait impossible, même après sa mort elle ne pourrait s'empêcher de répéter ce nom à l'infini dans cette baignoire.
Elle se sentait bien dans cette eau. Brûlante ? Ca elle ne le savait pas, elle savait juste que ce sang qui coulait était chaud. A moins qu'il ne soit devenu froid, peut être par manque d'amour. Ce sang qui allait donner à cette eau une couleur si belle, couleur de sa mort, couleur de sa vie, couleur de l'amour ! Et elle dedans qui serait toute blanche si quelqu'un la découvrait. Peut être que ce sera le propriétaire qui la verra le premier, à cause de ces nombreux loyers impayés, mais c'était bien le cadet de ses trop nombreux soucis pour ses épaules si étroites, ce corps si menu, ce cœur si brisé ! A moins que ce ne soit cette pingre de l'étage d'en dessous, alertée par les fuites d'eau provenant de son plafond, ou par son chien qui sent toujours la mort, la preuve il grognait toujours quand elle passait devant lui. De toutes façons qu'est ce que ça pouvait bien faire, elle ne s'en rendrait même pas compte. Tiens elle sentait déjà une douce chaleur dans son corps, peut être à cause de cette drogue qu'elle venait tout juste de sniffer ou à cause de l'eau qui lui brûlait sa fine chair sans graisse, blanche comme la neige et maintenant rouge comme ce sang qui coulait inlassablement ! Pourquoi s'était elle donnée la mort ? Pour ne plus savoir qu'elle était morte, ça elle le savait, ça elle l'affirmait, ça elle l'espérait. Elle espérait ne plus souffrir après ça, ne plus avoir à supporter tous ces regards qui la tuaient un peu plus à chaque fois, ces reproches qui sans cesse résonnaient dans sa tête, de ne pas être aussi belle que Britney, aussi intelligente qu'Eléonor, aussi normale que toutes ces filles. C'était peut être ses parents qui lui disaient ça, mais elle ne savait plus s'ils existaient, peut être avait elle déjeuné avec eux ou même peut être qu'elle avait parlé avec eux, mais de toutes façons, ceci n'avait plus aucune importance maintenant qu'elle se voyait dans ce bain, la bouche entrouverte prononçant une dernière fois ce nom qu'elle avait tant aimé, ce nom qu'elle avait tant répété, qu'elle avait tant idéalisé, et qui aujourd'hui mourrait avec elle, à moins que ce ne soit elle qui meurt pour lui. Mais allez savoir. Elle s'éloignait de son corps, vis son appartement en entier, un grand blond courir à la porte d'entrée et sonner comme un fou en l'appelant, elle ne pouvait répondre, sa bouche refusait de s'ouvrir, les mots de venir, de toutes façons il ne pouvait plus l'entendre. Il était accroupi, misérable sur ce seuil devant lequel il l'avait tant embrassé, il lui avait dit tant de mots d'amour, il lui avait fait tant de promesses ! Une dernière larme luisait au bord de son œil, énorme puis descendit la pente en se rapetissant à chaque fois, se mourrant un peu plus. Parlait elle de la larme ou d'elle, ou peut être des deux, de toutes façons maintenant elle ne pouvait plus revenir, il était trop tard, elle fut happée, littéralement ramenée au ciel, avant d'y être enfermée pour jamais.


Il pleurait inlassablement, sur le seuil, de cet énorme bêtise qu'il avait faite en la quittant sur cette dispute, quand il sentit une goutte lui tomber dessus, le dernier souvenir qu'elle lui avait laissé, il avait compris qu'il était trop tard, qu'elle était parti trop loin pour pouvoir être rattrapée, c'en était fini à jamais pour lui !
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