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Dieu est mon kiné


Je peux mourir heureux car j'ai vu Dieu, qui n'est autre que mon kinésithérapeute. Dans cet article j'expose mes observations sur Dieu et son mode de vie dans son cabinet.



Tout d'abord, Dieu est grand, 1m90 au moins. Dieu tiens un cabinet de kinésithérapie, donc Dieu est riche.

La raison de ma rencontre avec Dieu n'est pas très catholique : elle résulte d'une position assise peu orthodoxe tenue durant des années devant le même engin du malin dont vous subissez l'influence diabolique en ce moment même.
La première fois que je pénétrai dans la salle d'attente je ne pu m'empêcher de faire mon activité favorite quand-y-a-rien-de-mieux-à-faire : observer les affiches éparpillées montrant des corps de femmes malaxées par des mains aseptisées, une en particulier retenue mon attention, voici son libélé : "S'adresser à des professionels, c'est vital (suivi d'une image de péquenots artisants que j'ai eu le loisir d'analyser durant quinze attentes pour en tirer la conclusion suivante : la parité homme/femme n'est pas respecté sur l'affiche !) Ici, vous êtes entre deux bonnes mains. " AHAHAHAHAHA "Entre deux bonnes mains" AHAHAHAHAHA, c'est drôle non ? Ravalant ma consternation, pendant que les délabrés des articulations étaient en train de se griller les synapses avec le choc des photos dans Paris Match, Dieu vint se présenter à la porte : "God damn'it ! Il est grand" pensais-je en le voyant, il m'interroga sobrement, je lui dis que c'était ma toute première fois, toutoute première fois (air connu). Avec un usage restreint des mots il ajouta "on fera les papiers plus tard" et m'emmena dans une salle peuplée de VIEUX ! Il déroula un tapis d'un coup sec et me dit : "sur le dos" puis toujours avec une grande économie de vocabulaire il m'expliqua ce que je devais faire et j'obtempérai.

Puis Dieu parti, moi je continuai mes contorsionnements puisqu'il ne m'avait assigné aucune autre tâches. Puis Dieu revint, et la lumière fut, à cette période de l'année le soleil se couchait tôt, il me dit : "à quatre pattes", non ce n'était pas une invitation à une sodomie kinésithérapique mais simplement un autre exercice.

Quand Dieu pratiquait, Dieu était pro. Il tordait chevilles, étirait jambes, massait mains sans se soucier de la douleur du patient face à lauqelle il restait insensible. En revanche son mutisme se muait en prolixité dès qu'il touchait un patient afin de le distraire lorsqu'il effectuait son malaxage final.

A chaque fois ce fut pareil : Dieu venait me chercher dans la salle d'attente, sans un mot alors que je marmonnai un bonjour, il montrait simplement du doigt la salle et je devais y faire ma besogne. Dieu était l'horloge car lui seul m'indiquait si j'avais terminé, dans ce cas il me disait de changer d'activité en deux mots ou un simple montrage du doigt. Donc lorsque Dieu faisait irruption dans la salle alors que je me pourrissais sur un tapis en mousse ou une grosse boule plastifié c'était avec une lueur pleine d'espoir dans les yeux que je le regardais s'affairer sur les autres patients, parfois il repartait sans rien me dire, j'étais abattu : Dieu est cruel. Mais parfois Dieu entendait mes prières : Alléluia, et il me délivrait du mal.
D'ailleurs Dieu semblait aimer son boulot : il passait plus de temps à discuter avec ses amis sportifs qu'à s'occuper des patients qu'il ne touchait jamais SAUF les rarissimes jeunes filles sportives d'une certaine beauté malheureusement vêtues d'immondes T-Shirt trop long estampillés Conseil général de la Vienne et d'affreux jogging parcourus de trois insignifiantes bandes blanches. Un tel gâchis de féminité n'a pas attiré de pitié de ma part : tu t'es foulé la cheville ? Bien fait pour toi connasse ! J'espère que la main de Dieu te fera bien souffrir ! Pour les autres c'était électrodes collées au genoux, ferme-la et lit L'équipe.

Ah, le sport... J'en ai bouffé dans ce cabinet suintant le neuf, car savez-vous qu'il y avait une télé dans la salle où j'étais ? Je n'aurais pas bronché intérieurement si elle se contentait de diffuser la fange ordinaire en discontinue MAIS NON ! Il fallut qu'elle soit équipé d'un magnétoscope, ainsi je dû subir quatre fois d'affilé le Zapping de l'année de foot et du sport de Canal + si généreusement enregistré par Dieu le sportif alors qu'il pleuvait comme vache qui pisse : quelle misère et cordes ! Il lui arrivait souvent de laisser tomber tout ses pensionnaires pour s'installer devant le PC dans son bureau - boarf il travaillait - me diriez-vous; je ne pense pas ! Certaines bribes de conversations m'ont fait comprendre que Dieu lui-même s'adonnait à des téléchargements illégaux !

Quand même, Dieu n'est pas très bavard : jamais je n'ai su combien mon traitement durerait et je n'ai jamais eu de précision sur l'état de mon dos. Un simple geste de la main pour me faire changer d'exercice et un autre geste pour arrêter la séance, "quand est-ce que tu pourras revenir ? " pour fixer le prochain rendez-vous.

Il était impérial, que son reigne vienne, ne parlait pas mais sa volonté était faite, ne faisait que le strict minimum sur la terre comme au ciel.

Pardonne-nous nos écarts de colonne,

comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont tortillés.

Et ne nous soumets pas à la déviation,

mais délivre nous du Mal de dos.

Amen



Merci à la petite religion monothéiste méconnue en occident dont j'ai copié quelque préceptes dans cette article
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